10 mai, 2024

MOBILISATION. À L’UNIVERSITÉ DE DUBLIN, LES ÉTUDIANTS OBTIENNENT LA RÉVISION DES LIENS AVEC ISRAËL

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LE CAMPEMENT ÉRIGÉ PAR LES ÉTUDIANTS DE TRINITY COLLEGE,
 À DUBLIN, PHOTOGRAPHIÉ ICI LE LUNDI 6 MAI. 
PHOTO DAMIEN EAGERS/REUTERS

GÉOPOLITIQUE : IRLANDE / Mobilisation. À l’université de Dublin, les étudiants obtiennent la révision des liens avec Israël / Le blocus de Trinity College entamé le week-end dernier a été levé mercredi 8 mai après que la direction a accédé à certaines revendications des élèves, parmi lesquelles l’annulation du financement de plusieurs entreprises israéliennes présentes dans les Territoires palestiniens occupés.

Courrier international

Lecture 1 min.

UNIVERSITÉ DE COLOMBIE
 NASER JAFARI

C’est le résultat que les étudiants escomptaient, et il a été obtenu de manière pacifique”, se félicite l’Irish Independent. Trinity College, prestigieuse université de Dublin, a officialisé mercredi 8 mai son désengagement de trois entreprises israéliennes liées aux Territoires palestiniens occupés et financées à travers un fonds de dotation.

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L’établissement a ainsi promis de se retirer dès le mois de juin des trois sociétés, présentes sur la liste noire des Nations unies, puis de mettre en place un groupe de travail chargé d’examiner ses autres investissements en Israël.

À l’issue de négociations avec des représentants d’élève, la direction s’est également engagée à aider les étudiants gazaouis qui souhaiteraient poursuivre leurs études”, ajoute le quotidien de la capitale irlandaise. “Huit places ont été identifiées, six en master et deux en licence”, précise The Irish Times.

Pertes financières

Ces annonces, “accueillies par des hourras” dans les rangs étudiants, sont venues clore cinq jours de blocus décrété en soutien aux Palestiniens. “Le campus était fermé depuis le week-end en raison de l’érection d’un campement composé de dizaines de tentes”, décrit l’Irish Independent :

“Des drapeaux palestiniens avaient été placés devant la pelouse principale, et, perchés sur les rebords de fenêtres, des étudiants encourageaient les automobilistes à ‘klaxonner pour la Palestine’.”
LE FOLIO 27v CONTIENT LES SYMBOLES DES
QUATRE ÉVANGÉLISTES  (DANS LE SENS DES
AIGUILLES D'UNE MONTRE EN PARTANT DU
 HAUT À GAUCHE) :UN ANGE ( MATTHIEU ),
  UN LION ( MARC ), UN AIGLE ( JEAN ) ET
UN BŒUF ( LUC ).  WIKIMEDIA COMMONS

Le mouvement de protestation, emblématique d’une Irlande résolument propalestinienne, avait surtout conduit à la fermeture de la bibliothèque de Trinity College, attraction touristique phare et manne financière importante pour l’établissement. “Les gens viennent y admirer le Livre de Kells”, un manuscrit médiéval orné de somptueuses enluminures, explique le quotidien le plus lu du pays :

“Rien qu’en 2022, les visites avaient rapporté 17 millions d’euros à l’université.”

Pendant l’été, calcule l’Irish Times, “le Livre de Kells permet à Trinity College d’emmagasiner quelque 350 000 euros par semaine”.

“Maintenant, on nettoie”

D’après la presse irlandaise, la direction de la faculté avait déjà entamé en janvier une réflexion autour de l’accueil d’étudiants de la bande de Gaza, dévastée depuis sept mois par la riposte israélienne aux massacres du 7 octobre perpétrés par le Hamas. “Nous exécrons et condamnons toute forme de violence, y compris les atrocités commises le 7 octobre, les prises d’otages et l’assaut aussi intense que disproportionné en cours”, a soutenu Trinity College dans un communiqué publié mercredi 8 mai.

Maintenant, on nettoie”, a lancé la présidente de l’association des étudiants, Jenny Maguire, en début de soirée. “Quelques minutes seulement après la confirmation des décisions prises par la direction, le démantèlement du camp a commencé dans la bonne humeur, salue l’Irish Independent. Ici, on effaçait les slogans écrits à la craie, là on pliait les tentes.

« Me Gustan los Estudiantes » 

(J'AIME LES ÉTUDIANTS)

Paroles et Musique de Violeta Parra

Pour écouter cliquez ici ! ]

version d'Ángel Parra 

Une fin de blocus qui tranche avec les scènes observées aux États-Unis et en France, note le quotidien, où les occupations de campus “ont parfois débouché sur des évacuations par les forces de l’ordre et des affrontements”.

Courrier international

Courrier international


09 mai, 2024

EN ARGENTINE , DEUXIÈME GRÈVE GÉNÉRALE CONTRE LE PRÉSIDENT ULTRALIBÉRAL JAVIER MILEI

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LE PRÉSIDENT ARGENTIN, JAVIER MILEI,
 À BUENOS AIRES,  LE 8 MAI 2024.
PHOTO NATACHA PISARENKO / AP
INTERNATIONAL / ARGENTINE / En Argentine , deuxième grève générale contre le président ultralibéral Javier Milei / Cette nouvelle mobilisation contre le programme d’austérité du gouvernement s’annonce plus suivie que celle du 24 janvier. Mais le président Milei compte maintenir le cap, cinq mois après son arrivée au pouvoir.

Le Monde avec l'AFP

LE PRÉSIDENTJAVIER MILEI,
 À BUENOS AIRES, 
 LE 8 MAI 2024.

PHOTO NATACHA PISARENKO

Temps de Lecture 2 min.

Ni train, ni bus, ni métro durant vingt-quatre heures : la capitale argentine, Buenos Aires, devrait sonner creux, jeudi 9 mai, sans une grande partie des 3 millions de personnes qui y transitent chaque jour, la majorité en transports en commun. Quelque 400 vols seront annulés, affectant 70 000 passagers, selon l’Association latino-américaine du transport aérien.

«"Arrête la mai, Milei"
Grève générale»
UNE DE PÁGINA|12
DU 09 05 2024

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Après cinq mois de gouvernance du président Javier Milei, marqués par le lancement d’un programme d’austérité, la deuxième grève générale « contre un ajustement brutal, en défense du droit du travail, syndical, et pour un salaire digne », lancée par plusieurs syndicats, dont la puissante CGT péroniste, s’annonce suivie. Bien plus que celle du 24 janvier (douze heures seulement), un semi-échec raillé par le gouvernement comme la grève « la plus rapide de l’histoire » car annoncée en décembre 2023, dix-huit jours après l’investiture de M. Milei.

Cette fois encore, la présidence argentine dénonce une grève « strictement politique » et des syndicats « battant des records de rapidité et du nombre de grèves », face à un gouvernement « à peine entré en fonctions ». Des syndicats qui vont « à l’encontre de ce que les gens ont voté il y a cinq mois », ajoute-t-elle.

L’impact politique, pourtant, pourrait être moindre que celui des grandes marches pour la défense de l’université du 24 avril (un million de manifestants à travers le pays), plus forte mobilisation hostile à M. Milei à ce jour, et « une leçon pour lui : la première fois qu’il a heurté un mur dans l’opinion publique, car ce qui était en jeu était un bien collectif, transversal », estime le politologue Gabriel Vommaro.

Mais, « pour cette raison, cela ne doit pas être surinterprété », s’empresse d’ajouter l’analyste. Car, élu comme un « homme providentiel arrivé pour résoudre des problèmes que les élites d’avant avaient laissé traîner », M. Milei « conserve dans l’opinion des noyaux de soutien indemnes, ou du moins assez solides ».

Une image qui reste positive

De fait, malgré une légère inflexion en avril, plusieurs sondages récents voient M. Milei osciller entre 45 % et 50 % d’image positive – il avait été élu avec 56 % des suffrages exprimés. Une forme de stabilité spectaculaire pour un gouvernant qui a infligé, en peu de mois, entre dévaluation, prix libérés, dépenses et aides publiques « tronçonnées », « l’ajustement le plus grand de l’histoire de l’humanité », comme il aime à le dire.

En plus, « sans pour autant changer sa personnalité et son discours agressif », M. Milei est en train de vivre « un apprentissage politique », considère Rosendo Fraga, politologue de l’Académie des sciences morales et politiques.

À ce titre, l’adoption, à la fin d’avril – du moins à la Chambre basse –, de son train de réformes dérégulatrices, un projet amendé, rétréci, raboté, est « importante » : elle montre un président « plus flexible dans la pratique, assouplissant l’idéologie », et qui « peut articuler une coalition pour gouverner, malgré sa faible force » de trente-sept députés sur 257.

«Le pays à l'arrêt»
UNE DE PÁGINA|12
DU 10 05 2024

Inquiétudes sur « l’après-Milei »

Inflation en décélération (de 25 % pour le seul mois de décembre 2023 à 9 % prédits pour celui d’avril) ou récession inquiétante, avec − 3,2 % de recul d’activité sur un an ? « Exploit historique », dixit le président argentin, d’un budget à l’excédent au premier trimestre, inédit depuis 2008, ou sombre record de la pauvreté (41,7 % officiellement), à des niveaux qu’on n’avait plus vus depuis 2006 ?

Selon qu’ils se focalisent sur l’équilibre des comptes, la baisse du « risque pays », ou sur l’impact microsocial, les pertes d’emplois, opposition et gouvernement s’envoient les indices à la figure : « Sacrifice inutile du peuple », dénonce l’ex-présidente Cristina Kirchner. « Notre plan fonctionne », claironne M. Milei.

Mais des économistes, y compris libéraux, s’inquiètent de « l’après ». « Milei a (…) une seule variable en tête : l’inflation, estime Carlos Rodriguez, économiste, jadis proche du nouveau président. Le plan d’ajustement est simplement de ne rien payer, avec, ces premiers mois, une réduction des coûts dans tous secteurs. Mais je ne vois pas de plan. »

Au-delà de la grève, il est difficile de prédire si c’est la reprise ou le ras-le-bol qui se fera sentir le premier. « La limite à l’ajustement, ce sont les ajustés et leur capacité de résistance qui l’imposent », concède Carlos Heller, un ex-banquier et député d’opposition.

Le Monde avec l'AFP

Le Monde avec l'AFP

DESSIN SERGIO LANGER

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08 mai, 2024

CHILI: 23 ANS DE PRISON POUR HÉCTOR LLAITUL, LE DIRIGEANT D'UNE ORGANISATION RADICALE MAPUCHE

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HÉCTOR LLAITUL
PHOTO JOSÉ CAVIEDES 
Chili: 23 ans de prison pour Héctor Llaitul, le dirigeant d'une organisation radicale mapuche / 
La justice chilienne a condamné mardi Héctor Llaitul, l'un des principaux dirigeants autochtones radicaux mapuches du pays, à 23 ans de prison pour plusieurs attaques contre la police et des entreprises forestières dans leur lutte pour récupérer les «terres ancestrales» autochtones. [ 
Le recours de plus en plus fréquent à « l'état d'exception » /  Le dirigeant mapuche de la CAM, fut condamné en vertu de la loi sur la sécurité de l'État]

RFI

HÉCTOR LLAITUL
PHOTO JOSÉ CAVIEDES 
La décision a été lue par une juge du tribunal de la ville de Temuco, dans le sud du Chili, lors d'une audience virtuelle. «15 ans d'emprisonnement ont été prononcés» pour violation de la loi sur la sûreté de l'État, auxquels s'ajouteront cinq ans pour vol et trois pour atteinte à l'autorité, précise la condamnation.

04 mai, 2024

LE MOUVEMENT ÉTUDIANT CONTRE LA GUERRE À GAZA SE PROLONGE AUX ÉTATS-UNIS ET S'ÉTEND EN AMÉRIQUE DU NORD

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UNE MANIFESTATION CONTRE LA GUERRE À GAZA SUR LE CAMPUS DE LA
GEORGE WASHINGTON UNIVERSITY, À WASHINGTON, LE 3 MAI 2024
PHOTO SUSAN WALSH

Le mouvement étudiant contre la guerre à Gaza se prolonge aux États-Unis et s'étend en Amérique du Nord / La mobilisation pro-palestinienne dans les universités continue aux États-Unis. C’est le cas par exemple sur le campus de la George Washington University à Washington, après le démantèlement par la police des campements à Columbia et à UCLA. Le mouvement d’occupation des campus s’étend désormais au Canada et au Mexique.

« Me Gustan los Estudiantes » 

(J'AIME LES ÉTUDIANTS)

Paroles et Musique de Violeta Parra

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version d'Ángel Parra 

RFI

4 mn

«Terre et liberté»
DESSIN JERGE

Le calme règne dans le jardin de la George Washington University à Washington, à moins d’un kilomètre de la Maison-Blanche. Il n’y a pas de slogans, pas de tambours ou de cris dans des mégaphones, mais en quelques jours, le campement s’est étoffé. Il déborde désormais dans la rue qui est fermée à la circulation.

► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR

Les policiers ne sont pas équipés de leur matériel anti-émeute. Certains fument même le cigare. On est très loin de la tension et des violences vues à New York et Los Angeles. Ces images ont d’ailleurs choqué les étudiants protestataires comme Kayla.

« C’est vraiment tragique, dit-elle, de voir que dans certains cas, les autorités, les gens qui ont juré de nous protéger, brutalisent nos étudiants ou ne font rien pour les protéger. Et je pense que cela montre tout simplement la complicité de l’Amérique dans la répression et dans cette occupation. Cela montre que nos universités sont tellement liées à ce génocide, qu’elles financent activement, qu’elles sont prêtes à réprimer et à attaquer leurs propres étudiants pour ne pas satisfaire nos revendications. »

Parmi ces revendications, il y a notamment l’abandon des liens financiers entre l’université et des entreprises dont les protestataires considèrent qu’elles participent à la guerre à Gaza. Ils en discutent dans des ateliers organisés sur le campement. Un campement dont l’université a demandé le démantèlement à la police. Mais jusqu’ici, la maire de Washington s’y oppose.

Six campements dans les universités canadiennes

«Sors sur la terrasse et regarde
 le ciel, maman !  nous sommes
 bombardés par l'Iran ! »

DESSIN SERGIO LANGER

Ce mouvement d’occupation des campus pour protester contre l’offensive israélienne à Gaza s’étend désormais au Canada, où l’on compte six campements sur le terrain des universités. Pour l’instant, aucun n’a été démantelé par la police qui assure cependant une surveillance des lieux, rapporte notre correspondante à Québec, Pascale Guéricolas.

Cela fait maintenant une semaine que des étudiants ont dressé une centaine de tentes sur le campus de l’université anglophone McGill à Montréal. Les manifestants réclament de cette institution qu’elle retire ses investissements dans des entreprises d’armement, impliquées dans le conflit à Gaza.

Pour Safia Chabi, une étudiante, qui soutient la cause palestinienne, la réponse de la direction universitaire reste largement insuffisante : « La seule chose que le président de l’université a promise aux étudiants de McGill, c'est qu’ils vont faire un forum pour discuter de ces enjeux après le démantèlement du campement. Certainement, les étudiants ne vont jamais accepter ça. »

UN MANIFESTANT BRANDIT UN DRAPEAU PALESTINIEN SUR
LE CAMPUS DE L'UNIVERSITÉ DE TORONTO, LE 2 MAI 2024.
PHOTO AFP - COLE BURSTON

Après Montréal, les étudiants se mobilisent aussi à l’université de Toronto où l’on retrouve une soixantaine de tentes. Même chose à Vancouver, tout comme à Ottawa. Les étudiants de cette université demandent notamment à se dissocier d’une banque canadienne qui a investi dans une entreprise israélienne d’armement.

Les directions universitaires observent la situation pour le moment, tout comme la police. Le Premier ministre Canadien, Justin Trudeau, a fait remarquer que les universités constituent des lieux de débat, mais que chacun doit s’y sentir en sécurité.

« Me Gustan los Estudiantes »

(J'AIME LES ÉTUDIANTS)

Paroles et Musique de Violeta Parra

Pour écouter cliquez ici ! ]

version de Mercedes Sosa 

Des blocages dans la plus grande université du Mexique

«Wesh Narvalo...cool,
 a-tu de l'herbe ?»
DESSIN SERGIO LANGER

Les étudiants de la prestigieuse Université nationale autonome du Mexique, l’UNAM, participent eux aussi au mouvement de protestation en soutien au peuple palestinien. À Mexico, un campement a été installé devant l'université. Les étudiants demandent l'arrêt de la collaboration de l’établissement d’enseignement supérieur avec des institutions israéliennes, tout comme l'arrêt du soutien du gouvernement mexicain à Israël.

Name Villa del Angel, étudiant en gestion interviewé par Angelica Perez de RFI, dénonce « l’hypocrisie » du gouvernement mexicain qui « émet des critiques sans prendre de mesures sérieuses contre le gouvernement israélien » avec qui il « maintient des relations financières, économiques et institutionnelles permettant le "génocide" à Gaza ». Il déplore aussi la « brutalité policière » des forces de l’ordre envers les organisations étudiantes et indique avoir « lui-même été arrêté lors d’une protestation contre le "génocide" palestinien ».

L'attaque menée par des membres du Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël a entraîné la mort de 1 170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'Agence France-Presse établi à partir de données officielles israéliennes. Durant cette attaque, plus de 250 personnes ont été enlevées et 128 restent captives à Gaza, dont 35 sont mortes, selon l'armée israélienne. L'offensive israélienne lancée en représailles sur la bande de Gaza a fait jusqu'à présent près de 34 700 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement palestinien.

LES MANIFESTATIONS ÉTUDIANTES
CONTRE LA GUERRE À GAZA DANS LES
UNIVERSITÉS AMÉRICAINES.
DESSIN OUSSAMA HAJJAJ

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02 mai, 2024

UNE DU JOUR. EMMANUEL MACRON DANS “THE ECONOMIST” : SUR L’UKRAINE, “COMME JE L’AI DIT, JE N’EXCLUS RIEN”

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COUVERTURE L'ECONOMISTE
UNE DU 01 MAI 2024

LA FRANCE VUE DE L’ÉTRANGER / EMMANUEL MACRON / Une du jour. Emmanuel Macron dans “The Economist” : sur l’Ukraine, “comme je l’ai dit, je n’exclus rien” / L’hebdomadaire britannique consacre sa une au président français, qu’il a interviewé quelques jours après son discours de la Sorbonne sur l’avenir de l’Europe. Emmanuel Macron y revient sur les diverses menaces qui planent sur le Vieux Continent, et notamment sur celle que représente la Russie de Vladimir Poutine. [«Emmanuel Macron, Président matamore»]

Emmanuel Macron est plus lucide sur les dangers auxquels l’Europe est confrontée que les dirigeants de bien d’autres grands pays.” C’est le constat fait par The Economist, qui consacre la une de son édition du 4 mai 2024 au président français et à son avertissement à ses partenaires continentaux : “L’Europe peut mourir.

L’hebdomadaire britannique publie une interview du président réalisée à l’Élysée quelques jours après son grand discours sur l’avenir de l’Europe, prononcé le 25 avril à la Sorbonne, “un marathon de deux heures que n’aurait pas renié Fidel Castro, qui évoquait des sujets aussi vastes que l’anéantissement nucléaire et une alliance des bibliothèques européennes”. 

Dans l’interview donnée à The Economist, Emmanuel Macron revient sur le “triple risque existentiel” auquel est confrontée l’Europe : “un risque militaire et de sécurité ; un risque économique et pour notre prospérité ; un risque existentiel, d’incohérence interne et de perturbation du fonctionnement de nos démocraties”.

Trois risques “qui se sont accélérés ces dernières années”, notamment avec le déclenchement de la guerre en Ukraine par Vladimir Poutine. “Maintenez-vous vos propos concernant un envoi éventuel des troupes au sol ?” a demandé The Economist à Emmanuel Macron. “Tout à fait. Comme je l’ai dit, je n’exclus rien, parce que nous avons face à nous quelqu’un qui n’exclut rien. Nous avons sans doute été trop hésitants en formulant les limites de notre action à quelqu’un qui n’en a plus et qui est l’agresseur.

“Si les Russes devaient percer les lignes de front”

Plus loin dans l’interview, le locataire de l’Élysée développe ses arguments sur le sujet. “La France est un pays qui a mené des interventions, y compris dans l’époque récente, explique-t-il. Nous avons déployé plusieurs milliers d’hommes au Sahel pour lutter contre un terrorisme qui pouvait nous menacer. Nous l’avons fait à la demande d’États souverains. Si les Russes devaient aller percer les lignes de front, s’il y avait une demande ukrainienne – ce qui n’est pas le cas aujourd’hui –, on devrait légitimement se poser la question. Et donc je pense que l’écarter a priori, c’est ne pas tirer les enseignements des deux dernières années.

The Economist a également évoqué avec le président français la question des relations transatlantiques. D’après l’hebdomadaire. Emmanuel Macron considère que “quel que soit l’occupant de la Maison-Blanche en 2025, l’Europe doit se défaire de sa dépendance militaire à l’égard de l’Amérique, qui dure depuis des décennies, et de sa réticence à prendre au sérieux le hard power.

Si je suis un bon partenaire des Américains et que je leur dois beaucoup pour ma sécurité et ces dernières décennies, ma responsabilité, c’est de ne jamais les placer dans un dilemme stratégique qui serait de choisir entre les Européens ou mes intérêts face à la Chine. Et donc nous dire que c’est notre travail de faire ça”, explique encore Emmanuel Macron.

Pour The Economist, le message du président français “est aussi convaincant qu’alarmant”, mais il est “miné par l’impopularité qui le frappe dans son pays et par de mauvaises relations avec l’Allemagne”. Et l’hebdomadaire d’asséner : “Comme d’autres visionnaires, il risque de voir son message ignoré.


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01 mai, 2024

CHILI / LE FANTÔME DE GUZMAN

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    ILLUSTRATION REVISTA ANFIBIA
Le fantôme de Guzman / Jaime Guzman, professeur de Droit, était l’intellectuel idéologue de Pinochet, le rédacteur de ses discours à partir de 1973, le très proche conseiller du dictateur même s’il n’a jamais exercé de fonctions gouvernementales. Il a été également le rédacteur de la Constitution de 1980 qui pèse encore aujourd’hui comme un carcan sur le Chili. Guzman, l’éminence grise de Pinochet, a été à l’origine de la transformation en 1977 de la DINA en CNI, la police politique du régime militaire. 

Avec notre correspondant à Santiago, Pierre Cappanera

Guzman a été exécuté par un groupe dissident du FPMR en 1991 après la fin de la dictature en 1990. Le Front Patriotique Manuel Rodriguez (FPMR) avait été le bras armé du Parti communiste pendant la dictature de 1983 à 1987. Le Parti communiste (PCCh) avait décidé en 1987 que l’option de la lutte armée n’était plus à l’ordre du jour et avait dissous le FPMR. Certains de ses membres, en désaccord avec cette décision, avaient maintenu une organisation dissidente gardant le nom FPMR.

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GALVARINO APABLAZA

Les responsables de l’exécution ont été arrêtés et jugés. Mais la famille Guzman et ses avocats [dont l'avocat ripoux Luis Hermosilla] ont fait pression pour que les responsables du FPMR soient jugés également comme «auteurs intellectuels». 

Parmi eux, Galvarino Apablaza. Au moment où le PC du Chili et une fraction du FPMR se séparaient, il choisissait le FPMR. Il continuera quelque temps avec le mouvement armé avant de le quitter deux ans avant l’assassinat de Guzman. 

► À lire aussi :      LE PRÉSIDENT DE LA COLOMBIE ANNONCE LA RUPTURE DES RELATIONS AVEC ISRAËL

Galvarino Apablaza était réfugié en Argentine où il a longtemps bénéficié du statut de réfugié politique. Ce statut lui avait été retiré par le gouvernement Macri en 2017. Milei fait mieux : il veut faire pression sur le gouvernement chilien pour qu’il relance le processus d’extradition. Ce processus avait débuté en 2004 et à l’époque l’Argentine avait refusé d’extrader Galvarino Apablaza. Milei fait ressortir le processus d’extradition des oubliettes.

Au Chili, seul le PC du Chili, par la voix de son sénateur Daniel Nuñez, a marqué son désaccord avec une éventuelle démarche gouvernementale et a pris la défense de Galvarino Apablaza. Il explique qu’au moment des faits il ne faisait plus partie de la direction du FPMR, et d’autre part les responsables de l’exécution de Guzman ont déjà tous été jugés. Pour le PCCh, Galvarino Apablaza est innocent.

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GALVARINO APABLAZA EST INNOCENT.

LE PRÉSIDENT DE LA COLOMBIE ANNONCE LA RUPTURE DES RELATIONS AVEC ISRAËL

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LE PRÉSIDENT GUSTAVO PETRO ANNONCE
LA RUPTURE DES RELATIONS AVEC ISRAËL

Le président de la Colombie annonce la rupture des relations avec Israël / 
Bogota, 1er mai 2024.Le président colombien Gustavo Petro a annoncé aujourd’hui que les relations avec Israël seraient rompues demain, et ce en réponse au génocide perpétré dans la bande de Gaza contre la population palestinienne.

Prensa Latina 

C’est ce qu’a affirmé le président dans un discours prononcé sur la Plaza Bolivar de cette capitale, où se sont rassemblées des milliers de personnes pour célébrer la Journée internationale des travailleurs.

► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR

Devant vous, le gouvernement du changement, le président de la République, annoncent que les relations diplomatiques avec l’État d’Israël seront rompues demain, pour avoir un gouvernement et un président génocidaire, a déclaré le Petro.

► À lire aussi :     LA COLOMBIE S’ASSOCIERA AU PROCESSUS DE L’AFRIQUE DU SUD CONTRE ISRAËL À LA HAYE

GUSTAVO PETRO LORS DE SON DISCOURS
 À BOGOTA LE 1er MAI 2024.
PHOTO RAUL ARBOLEDA / AFP

Si la Palestine meurt, l’humanité mourra, et nous ne la laisserons pas mourir, a-t-il manifesté.

peo/rgh/Ifs

#Colombie #Gustavo Petro #Israël

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AFFICHE DE SOLIDARITÉ ENTRE
LA COLOMBIE ET LA PALESTINE.
CONÇUE PAR KOHEI URAKAMI
 ET TAKETO IKEGAMI, 2021.
 

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30 avril, 2024

URUGUAY: L'ANCIEN PRÉSIDENT "PÉPÉ" MUJICA ANNONCE SOUFFRIR D'UNE TUMEUR

 

Uruguay: l'ancien président "Pépé" Mujica annonce souffrir d'une tumeur / José Mujica, ancien président de l'Uruguay et figure majeure de la gauche latino-américaine, a annoncé lundi souffrir à l'âge de 88 ans d'une tumeur à l'œsophage dont le traitement est "complexe".

Courrier international 

José Mujica, ancien président de l'Uruguay et figure majeure de la gauche latino-américaine, a annoncé lundi souffrir à l'âge de 88 ans d'une tumeur à l'œsophage dont le traitement est "complexe".

L'ancien chef d'État, qui s'est fait connaître dans le monde entier pour son style informel, son franc-parler et sa façon de gouverner l'Uruguay entre 2010 et 2015, a appris l'existence de la tumeur vendredi lors d'un examen médical, a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse.

"C'est quelque chose d'évidemment très risqué", a estimé "Pépé" Mujica. "Et c'est doublement complexe dans mon cas, car je souffre depuis plus de vingt ans d'une maladie immunologique qui a affecté mes reins, entre autres, ce qui crée des difficultés pour les techniques de radiothérapie ou de chirurgie", a-t-il expliqué.

Celui qui reste une figure majeure de la gauche latino-américaine a assuré qu'il continuerait malgré la maladie à être politiquement actif. "Tant que je le pourrai, je serai présent", a-t-il assuré.

Ex-guérillero d'extrême gauche au verbe spontané, parfois polémique, il s'était attiré pendant son mandat le surnom de "président le plus pauvre du monde" car ce chantre de la frugalité reversait la quasi-totalité de son salaire de chef d'État à un programme de logement social.

Il est également devenu célèbre pour avoir fait adopter des mesures progressistes dans le petit pays d'Amérique du Sud : avortement, mariage homosexuel et légalisation du cannabis, cette dernière étant une première mondiale en 2013.

Sa maladie immunitaire avait fait renoncer l'atypique ancien président à son mandat de sénateur en octobre 2020 en raison des risques liés à l'épidémie de coronavirus.


TROIS POLICIERS ABATTUS AU CHILI, UN ACTE “BARBARE” QUI RAVIVE LE DÉBAT SUR LA PEINE DE MORT

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LA VOITURE DE PATROUILLE CARBONISÉE DANS LAQUELLE ONT ÉTÉ TUÉS TROIS CARABINIERS, LE 27 AVRIL 2024, DANS LE SUD DU CHILI.LA VOITURE DE PATROUILLE CARBONISÉE DANS LAQUELLE ONT ÉTÉ TUÉS TROIS CARABINIERS, LE 27 AVRIL 2024, DANS LE SUD DU CHILI.
PHOTO CARABINEROS DE CHILE/REUTERS

Criminalité. Trois policiers abattus au Chili, un acte “barbare” 
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COURRIER I
 qui ravive le débat sur la peine de mort / Les trois hommes ont été criblés de balles, samedi 27 avril, et leurs corps calcinés retrouvés lors d’une patrouille dans le sud du Chili. L’opposition en profite pour critiquer la politique du président de la République, Gabriel Boric, en matière de sécurité, et certains réclament même le rétablissement de la peine de mort.

Courrier international

Cest la première fois depuis des décennies que trois membres des forces de police meurent dans un attentat terroriste, un crime barbare, écrit un commentateur du quotidien La Tercera. Cette tragédie marque un tournant.” Le Chili est sous le choc après l’assassinat, samedi 27 avril, de trois carabiniers, membres d’un corps de maintien de l’ordre qui se rapproche de la gendarmerie – militaire à l’origine, mais qui dépend désormais du ministère de l’Intérieur.

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Les trois hommes patrouillaient près de la ville de Cañete, dans la région du Biobío, dans le sud du pays, une zone sous état d’exception depuis 2022 après des incendies criminels attribués pour la majorité d’entre eux à des groupes radicalisés de la communauté mapuche.

Les trois hommes sont tombés dans une embuscade, abattus dans leur véhicule qui a ensuite été incendié, les assassins laissant les corps calcinés. “La patrie tout entière est en deuil, a réagi le président, Gabriel Boric, repris dans un autre article de La Tercera, nous remuerons ciel et terre pour retrouver les criminels abjects qui ont perpétré cet infâme assassinat.” De fait, trois jours de deuil national ont été décrétés. Lundi 29 avril, l’enquête piétinait toujours, et l’attentat n’avait pas été revendiqué.

“Béni-oui-oui”

ÉNERGUMEN DE LA
PHACHOSPHÈRE LOCALE 
/JOHANNES KAISER

Le chef de l’État en a appelé à “l’unité nationale”, mais celle-ci n’a pas duré, une partie de l’opposition rebondissant sur l’insécurité croissante qui sévit dans le pays, causée notamment par des groupes criminels organisés souvent liés au trafic de drogues. José Antonio Kast, leader du Parti républicain (PR, extrême droite), a dénoncé sur son compte X un gouvernement de “béni-oui-oui” et réclamé “l’état d’urgence” et la “fermeture des frontières” : “Président Boric : il est temps de vous réveiller.”

D’autres voix se sont élevées pour réclamer le rétablissement de la peine de mort, comme celle du député Johannes Kaiser, un ancien du PR, qui a annoncé vouloir déposer une proposition de loi en ce sens : “Certains crimes sont tellement graves qu’ils doivent être sanctionnés par la peine maximale, je crois que l’abolition de la peine de mort [en 2011] n’a pas aidé à la paix sociale”, a-t-il lancé, repris par le site 24horas.

Rodrigo Díaz, gouverneur de la région du Biobío, indépendant et ancien démocrate-chrétien, a réclamé “au gouvernement un projet de loi pour rétablir la peine de mort pour les assassins de policiers ou de carabiniers”.

Le crime organisé tue désormais presque chaque jour, poursuit le commentateur de La Tercera. Le gouvernement actuel ne peut échapper à ses responsabilités.

Courrier international